La pose d’une prothèse de genou suscite chez les patients de nombreuses interrogations, en particulier si elle s’effectue précocement : quelle va être en moyenne la durée de cette prothèse géniculée, pour savoir s’il faudra ou pas une deuxième opération du genou dans quelques années ? Le Dr Anthony Wajsfisz, chirurgien orthopédique à Paris, explique quels sont les facteurs modifiant la durée de vie d’une prothèse de genou, et comment la préserver au mieux.
Pourquoi la durée d’une prothèse de genou s’avère limitée ?
Le genou joue un rôle de pivot majeur dans la biomécanique du membre inférieur, aussi bien en position statique que dynamique : c’est ce qui explique l’importance des contraintes mécaniques s’exerçant sur cette articulation et, par la suite, sur une éventuelle prothèse du genou.
La pose d’une prothèse, que ce soit une prothèse totale de genou PTG ou une prothèse unicompartimentale PUC, s’envisage le plus souvent pour traiter une arthrose du genou (gonarthrose) ne répondant plus au traitement médical.
La plupart comportent au moins trois biomatériaux différents, chacun répondant différemment aux contraintes mécaniques : un alliage métallique type titane ou cobalt chrome, un implant en polyéthylène amortissant et une colle ou ciment biologique pour la fixation dans les embouts osseux.
C’est pourquoi la durée de vie d’une prothèse de genou va dépendre en grande partie du mode de vie du patient, et de l’importance des forces mécaniques s’exerçant sur chaque composant. En moyenne, on estime le temps de durée de vie d’une prothèse de genou compris entre 10 et 20 ans. Plus les contraintes mécaniques sont importantes, plus la durée de vie diminue, avec des risques d’usure ou de descellement.
Comment augmenter la durée de vie ?
Quand un patient se demande combien de temps dure en moyenne une prothèse de genou, c’est souvent car il est confronté à un dilemme : faire une opération du genou tôt car moins lourde, au risque d’en refaire une autre dans 10 à 20 ans ? ou attendre plus longtemps, au risque de faire une chirurgie du genou plus lourde ?
En effet, la pose d’une prothèse unicompartimentale PUC permet de traiter une arthrose localisée à un seul compartiment du genou, avant que d’autres lésions n’apparaissent ailleurs : cette chirurgie du genou s’avère moins lourde, un peu plus rapide qu’une PTG et avec une récupération nettement plus rapide (le résultat final de la PUC se voit en moyenne entre 3 et 6 mois, contre 6 à 12 mois pour une PTG). La PUC offre par ailleurs une récupération fonctionnelle meilleure, d’où la possibilité accrue de reprendre les activités sportives chez des patients en forme. En revanche, la durée de vie moyenne d’une PUC (10-15 ans) plus courte qu’une PTG (15-20 ans) peut être un frein.
C’est pourquoi le chirurgien spécialiste du genou doit toujours discuter avec son patient du choix de la prothèse :
- Choisir la meilleure technique chirurgicale, la pose d’une prothèse non cimentée pouvant s’avérer plus résistante si les indications chirurgicales sont bien suivies ;
- Travailler la précision du geste technique, la moindre désaxation pouvant modifier la répartition harmonieuse des contraintes mécaniques sur la prothèse ;
- Insister sur l’importance de la rééducation après la chirurgie du genou, pour optimiser le renforcement musculaire ;
- Surveiller l’hygiène de vie, comme le poids ou le choix des sports à faire ou ne pas faire.
Une collaboration étroite entre le chirurgien orthopédique spécialiste du genou / kiné rééducateur / patient s’avère alors indispensables pour optimiser la durée de vie moyenne de toute prothèse de genou.